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mirae
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31 août 2006

DCD

Trois lettres écrites au marqueur noir indélébile sur un dossier, sur la pochette kraft déchirée et usée d’un dossier bien souvent très lourd, plus ou moins ancien. Le temps est relatif. Un dossier avec un numéro, une année. Un dossier surtout avec un nom écrit au marqueur indélébile, sur la pochette kraft déchirée et usée par les manipulations, trop souvent rangé, sorti, trimbalé entre la consultation et l’hospitalisation, la consultation et l’intervention, l’intervention et la chimio.

Un nom, un patient, une personne, une famille derrière un nom. Autant de personnes qu’on a connues, soignées, suivies et qui partent un jour, pour toujours.

Parfois ce sont les frères, les sœurs, les enfants qu’on revoit, sans plaisir. On ouvre alors un nouveau dossier, un dossier blanc qu’on glissera dans une grande pochette kraft avec les radios, les scanners, IRM et autres échographies et sur laquelle on écrira le nom, le prénom, un numéro avec une année au marqueur indélébile.

Chaque patient est différent, parce que nous sommes chacun quelqu’un d’autre. On s’attache à ceux là, on ne supporte pas la suffisance d’autres. Mais quels qu’ils soient, le combat est le même, parfois peine perdue d’avance. D’autre fois, trop rares, la maladie est vaincue, définitivement. D’autre fois encore, c’est comme si elle s'était mise en stand by, elle revient, quelques années plus tard, plus violente encore, plus exterminatrice. Parfois il s’agit d’amis, parfois l’idée de la mort est plus insupportable encore, intolérable, incompréhensible, injuste, ça nous réveille la nuit, nous obsède, nous rend tellement impuissant. Et un jour dans un courrier, sous la dictée, « nous regrettons cette issue fatale ».

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Commentaires
M
Il n'y a pas de solution, on est toujours touché par le décès ou la déchéance d'une personne qu'on a initialement vue arriver une jour en consultation en relative bonne forme. On n'y échappe pas, on n'arrive décidément pas à confondre un nom et un numéro.
B
Je crois que c'est la grande difficulté du travail dans le milieu médical, car cette éventualité est toujours envisageable, il faut côtoyer la mort au quotidien et essayer d'en faire quelque chose qui ne touche plus (trop), sous peine d'épuisement moral. EN même temps, ça rend le praticien inhumain. Quelle est la solution, je n'en ai aucune idée. Bon courage.
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