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mirae
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9 juillet 2006

Elle aussi...

Coup de téléphone ce matin, c'est fini, elle est partie.

Ils se sont tant aimés, sans doute ils se sont aimés. Ces 30 dernières années ils les ont partagées. Ils ont traversé tout ce qu'un couple peut traverser de passions communes, de concessions, des enfants, certainement des hauts et des bas que nous ne connaissons pas. Ils se sont engloutis aussi tous les deux dans leur travail. Presque jusqu'au bout elle a travaillé, comme une raison de vivre.

Et puis, elle aussi, la maladie l'a rattrapée. Depuis cinq ans elle participait de leur quotidien.

C'est lui que je connais, depuis une petite vingtaine d'années. Je ne l'ai vue, elle, que quelques fois. Très longtemps j'ai ignoré qui elle était. Lui c'est mon patron. On n'évoque pas la vie personnelle de ceux qui nous dirigent quand elle est sans bruit particulier. On ne peut lui reprocher que de trop travailler, négligeant probablement sa vie de couple, négligeant ses enfants. Pourtant, chaque retour de vacances était un enchantement à l'entendre nous raconter ses escapades.

Et puis un jour on a appris la maladie... cancer du sein. De ce jour on ne l'a plus vue que pérruquée et ensuite toujours couverte de foulards multicolores. La vie continuait malgré tout. Ils n'ont rien changé de leur mode de vie, de leur travail, de leurs projets, des projets de leurs enfants, avec le facteur supplémentaire de la maladie, perturbatrice, au rythme des chimios qui s'enchaînaient et puis cette dernière année au rythme des organes, les uns après les autres atteints, au rythme de la souffrances mauvaise amie des derniers mois, qui l'accompagnait chaque jour, toujours plus grande, et cette impuissance à agir contre ça.

Et l'étau qui se resserre de plus en plus, les déplacements qu'il ne fait plus, la suppléance de ses collaborateurs, son besoin de nous dire la maladie de son épouse comme pour évacuer un trop plein alors même que nous n'osions pas toujours lui poser la question. Les contacts répétés auprès des cancérologues et autres thérapeutes, lui si impuissant alors qu'il connaît si bien cette maladie qu'il soigne par ailleurs. Son regard qui a changé, son regard sur la vie, sa vie, celle de ses patients et de leurs familles.

Nous partagions ces derniers temps son angoisse autant que nous le pouvions, chacun à notre niveau. Nous nous devions d'être là, nous l'étions, nous le serons.

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Commentaires
M
Merci de ta visite Pati
P
votre présence attentive a dû lui être une aide précieuse...<br /> pensées amicales, de quelqu'un qui connaît ces tourments-là...
M
Merci à vous trois.
A
quand c'est écrit avec le coeur comme ça, ca touche et des étrangers vous deviennent proches...
A
des pensées..que dire d'autre ?
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